Urgence : lettre d'information des amapiens janvier 2024

Actualité - 02/02/2024

Lettre aux amapiens poissons janvier 2024

Bonjour à tous,

  1. Etat des lieux de la pêche artisanale dans l’Atlantique.

Comme vous le savez sans doute, à la suite d’une saisine du conseil d’état par plusieurs associations de défense de l’environnement, une interdiction de la pêche dans le Golfe de Gascogne (zone qui s’étend de St Jean de Luz à Penmarch) a été décrétée du 22 janvier au 20 février inclus. Elle sera reconduite en 2025 et 2026.

Cette interdiction vise les bateaux de 8 mètres et plus, équipés de certains filets (chalut pélagique, chalut bœuf de fond, filet trémail, filet maillant calé). Elle se donne  pour but de limiter la prise accidentelle de dauphins et de marsouins qui pourraient, selon certaines études,  nuire à la conservation de l’espèce.

Le problème des captures accidentelles est réel,  les pêcheurs de l’île d’Yeu en sont conscients : ils avaient accepté d'équiper leur navires de dispositifs de dissuasion acoustique (pingers sous coque, balises répulsives sur filet tous les kilomètres, afin d’éloigner les dauphins et de caméras embarquées pour enregistrer les accidents. L’un d’eux avait même invité une entreprise nantaise, qui fabrique de petits sous-marins, à suivre une campagne de pêche afin d’observer et de comprendre quand, comment et pourquoi ces captures accidentelles pouvaient avoir lieu.

L’entreprise n’a pas donné suite et avant qu’une évaluation des dispositifs de dissuasion n’ait été effectuée, l’interdiction est tombée.

  1. Notre AMAP.

Concrètement, sur les 5 bateaux du GIE (groupement d’intérêt économique) de l’île d’Yeu, 3 restent à quai, 2 ligneurs peuvent poursuivre leur activité. Les pêcheurs se sont organisés afin que la distribution des colis ne soit pas interrompue : hors GIE et avec l’accord de l’AMAP, le produit de la pêche de 6 ou 9 « petits » bateaux non concernés par l’interdiction viendra compléter les colis.

Des seiches, pêchées en prévision et congelées pourront nous être distribuées.

Attention ! Comme tout produit congelé elles devront être consommées dans les 48 heures, ou cuisinées immédiatement (20 mn de cuisson) avant de pouvoir être à nouveau congelées.

 

Nous avons rencontré les pêcheurs le 29 janvier aux Sorinières, trois d’entre eux avaient fait le déplacement. Ils nous ont fait part de leur désarroi, de leur lassitude face aux incohérences administratives et gouvernementales, d’un profond sentiment d’injustice et de leurs inquiétudes quant à l’avenir de la pêche artisanale et la survie de la filière.

 

  1. Eviter le piège des fausses oppositions.

 

Le piège facile consisterait à opposer les écologistes aux pêcheurs. Le même piège et la même facilité que pour l’agriculture. Comme s’il n’y avait qu’une seule agriculture, qu’une seule pêche. Les amapiens sont familiers des principes de l’agriculture paysanne. Rappelons ici quelques principes de la pêche artisanale, auxquels adhèrent les pêcheurs du GIE de l’île d’Yeu :

  1. « La ressource halieutique est reconnue comme un patrimoine »
  2. « Les techniques de pêche ont un impact sur la ressource maritime. Des techniques de pêche moins impactantes et plus sélectives seront favorisées »

lien vers description des types de pêche

  1. « La pression du monde de la pêche sur certaines espèces, économiquement plus valorisées, est un facteur de déséquilibre de l’écosystème marin. Une plus grande diversité des espèces consommées permettrait de limiter cette pression. »
  2. « La pêche non territorialisée, prédilection des armements industriels, entraîne une surpêche. (voir articles sur  le plus grand chalutier du monde l'allenies Illena des pêches de St Malo). Une pêche réalisée localement contribue à une auto-régulation des captures, et à faire vivre un territoire. »

 

Ce sont là des principes qui ne s’opposent en rien à ceux des organisations de défense de l’environnement, bien au contraire.

Evitons donc les pièges des  simplifications binaires faciles.

 

La véritable opposition est  entre la pêche industrielle et la pêche artisanale : un « navire usine » pêche 200 tonnes/jour quand le plus gros des bateaux du GIE pêche 100 tonnes /an !

 

  1. Pour la survie de la pêche artisanale et d’un territoire.

 

Pendant la période d’interdiction du 22 janvier au 20 février, les bateaux restent à quai. Les hommes d’équipage n’ont même pas le droit d’y effectuer les travaux d’entretien nécessaires à une reprise sans risque de leur activité. Les pêcheurs nous ont confié leurs craintes à ce sujet. N’oublions jamais que c’est un métier dangereux !

 

Bien sûr, une indemnité est prévue pour les pêcheurs (environ 80°/° du manque à gagner) mais, outre le fait qu’elle sera versée, dans le meilleur des cas, avec un an de retard,  cette indemnité ne couvre qu’une faible partie des pertes pour la filière.

On considère habituellement qu’un emploi de marin induit environs 3,,,à terre (préparation des filets, mareyage, transformation, commerce, transport, gestion…) Emplois non pris en compte dans l’indemnité.

 

A titre d’exemple « Le Marial » : un patron pêcheur et 7 marins, donc 8 hommes en mer qui interviennent sur 24 emplois.

En Pays de Loire 100 bateaux sont concernés. Faites les comptes !

 

Mobilisons-nous !

Rassemblement Place Royale le samedi 17 février entre 10h et 15h

 

  1. Gardons le contact : opération « Ports ouverts »

Le 19 octobre à Saint-Gilles

Le 6 avril à L’île d’Yeu



Lien  Lettre d'information des amapiens