Alimea - agrumes de Corse

Alimea - agrumes de Corse

Les petits producteurs de la coopérative Alimea nous propose un approvisionnement mensuel en fruits biologiques de Corse de novembre à mai qui ne connaissent pas les chambres à gaz pour la conservation ou pour les faire murir artificiellement.

Agrumes: Clémentine - Avocat - Citron - Pomelos
photo ci contre: arbre à Pomelos
contact: alimea@orange.fr

Site:  http://www.alimea.fr/maturite.html

Contenu indicatif de la cagette : sur l’année, il est prévu une livraison d’environ : 15 kg de clémentines, 5 kg de kiwis, 10 kg d’oranges, 20 kg pomelo
 
Saison des récoltes:
  • clémentine : fin novembre à début janvier,
  • kiwi : décembre à début janvier,
  • orange : 6 semaines entre janvier et février,
  • pomelo : février à mai.

Lettre de lien du 24 décembre 2014

Bonjour à tous et à toutes amapiens qui dégustent nos fruits


Première lettre depuis juin où je vous disais nos angoisses par rapport au manque de pluie ... qui durait à la louche depuis le mois de septembre précédent.

Episode suivant, un été couvert, les nuages, nombreux, passant sur l'île, humidité dans l'air mais  en fin de compte peu d'orages et de "pluies efficaces".
Le vrai beau temps ensoleillé et la chaleur se sont installés quand ce n'était plus de saison: de septembre à fin octobre. Le climat d'automne a battu tous les records historiques (1 siècle de relevés météo) et au lieu de reverdir le maquis, les bords de route et de champs ont fini de sécher. Jusqu'au début novembre.

Et nous dans tout çà?

Nous dépendons d'un barrage de montagne sur l'Alesani, à sec en octobre, l'office hydraulique en profitant pour faire des travaux de réfection (sur ma photo, la crépine qui aspire l'eau, posée sur la boue  au fond du barrage vide) et de la digue de Peri (alimentée par le barrage d'Alesani, elle sert de réserve de distribution vers les terres  irrigables alentour) quasiment vide fin octobre.

Début novembre les vergers devaient encore être arrosés toutes les semaines et il s'en est fallu de peu pour qu'on arrive au bout des réserves.

L'absence de canicule a été favorable à la nouaison (période clé des récoltes à venir, elle  suit immédiatement la fin de la floraison). Moins de stress thermique s'est traduit par un taux de chute de petits fruits plutôt faible et au final un nombre de fruits important par arbre. Un bon point pour la récolte.
Fin août, les fruits bien que nombreux étaient en moyenne plutôt gros pour la saison, annonçant une très belle récolte. Puis avec le manque de pluie de septembre/octobre le grossissement s'est ralenti fortement. Nous avons dû revoir nos estimations à la baisse.

Ce temps a favorisé la multiplication des insectes et notamment la mouche méditerranéenne consommatrice de fruits dont les piqures  peuvent provoquer des dégâts énormes. son impact était déjà très fort sur les fruits d'été (abricots, pêches) et nous avons posé des pièges en masse en septembre pour protéger les clémentines précoces. Bon choix car l'automne particulièrement chaud lui a permis de rester en activité beaucoup plus longtemps que l'habitude.  Nous avons perdu la plus large part des clémentines précoces à peau fine (la variété Corsica) et elle a aussi occasionné des pertes - heureusement limitées - sur la Caffin (précoce mieux protégée par sa peau plus épaisse) et sur les variétés de pleine saison (en principe protégée par la baisse des température qui limite les populations d'insectes)

Il a été très favorable à la qualité gustative des fruits mais l'absence de rosée et de fraicheur nocturnes a complètement bloqué la coloration de la peau des clémentines (ou plutôt la dégradation naturelle de la chlorophylle qui révèle les autres pigments - exactement comme pour les feuilles des arbres à l'automne). Résultat avance de maturité interne mais début de récolte retardé car les clémentines étaient restées vertes. Le retard n'était pas en soit catastrophique car une clémentine mure se conserve 2 mois sur l'arbre. Il a fallu patienter, producteurs, clients et ouvriers saisonniers venu spécialement pour la récolte.

La pluie est arrivée en novembre, enfin! Promesse de sécurité pour les vergers et cultures, porteuse d'humidité et de fraicheur.

Plusieurs épisodes nous ont éprouvés:

Le 28 novembre, jour d'alerte rouge. Pendant lequel nous avons pourtant récolté toute la journée puisqu'il pleuvait qu'en montagne mais pas chez nous sur la côte orientale. Une vague d'eau est arrivée  et a immergé le bas des arbres dans toute la propriété de Renaud Dumont en quelque minutes. Heureusement juste après la fin de la journée de cueillette.
La dernière remorque était remontée et Renaud s'est trouvé pris en allant récupérer sa voiture au fond du verger. Pour sauver son véhicule, de justesse,  il lui a fallu démonter la clôture et remonter dans le pré voisin.
Gros coup de stress, surtout en pensant que toute l'équipe était sur place une demi heure avant.
3 heures plus tard, l'eau était redescendue dans le lit de la rivière sans emporter de terre, ni d'arbres et sans déposer de troncs ni de déchets. Peu de dégâts, un gros coup de chance!

Nous avons aussi été quasiment épargnés par les passages de grêle de décembre! Là aussi il s'en est fallu pas grand chose que çà vire à la catastrophe.

La pluie sur novembre et décembre a fait perdre quelques jours de cueillette (les agrumes ne se cueillent pas trempés) de loin en loin. Mais la forte pluviométrie a eu une incidence sur les clémentines: elle a accéléré l'évolution des fruits. Nous avons du mettre les bouchées doubles à la cueillette pour finir la récolte au plus tôt. 
Nous aurons vécu une des saisons de clémentines les plus courtes du verger. La récolte a été retardée en son début mais impossible à simplement décaler dans le temps. C'est le fruit évoluant dans son environnement qui dicte sa loi: il n'y a de bonne saison qu'une fois les fruits récoltés, la récolte sauvée.

Voilà. J'ai passé des semaines dans l'illusion d'avoir assez d'énergie le soir pour vous écrire. D'autant que tout ce que je viens de vous écrire trouve en écho le drame Sirvens dans le Tarn et appelle à réflexions. Comme tous les travaux d'aménagement dantesques qui modifient notre espace de vie.

Cordialement,

Brigitte Etcheber