Article 20 minutes
Nantes : « La vache nantaise, c’est moins vendeur qu’un éléphant mais on doit en être fiers »
INTERVIEW Benoît Rolland, éleveur, veut développer une filière autour de la race nantaise et constituer un troupeau au cœur de la métropole
- La vache nantaise est une race peu répandue et peu connue, bien qu’appréciée pour sa viande.
- Le projet L’Etable nantaise vise à aider les jeunes éleveurs à s’installer et à développer une filière.
- L’idée du projet est aussi de rapprocher les urbains de leur agriculture.
Et si l’on remettait des vaches en milieu urbain ? Et si possible une race ambassadrice du terroir nantais ? C’est l’idée du projet L’Etable nantaise, défendu par l’association de promotion de la race bovine nantaise (APRBN). Son président, Benoît Rolland, éleveur bio à Bouguenais, nous explique ce qu’il est en train de mettre en place.
Pourquoi faut-il s’intéresser à la vache nantaise ?
Parce que c’est une vraie race locale qui porte le nom de Nantes. Ça veut dire quelque chose quand même. Toutes les métropoles n’ont pas cette chance ! C’est moins vendeur qu’un éléphant mais on doit en être fiers. Sa viande a du goût et est très intéressante sur le plan nutritionnel. En plus, c’est une belle vache, robuste, avec du tempérament. Elle a de la classe quoi.
Elle a pourtant failli disparaître…
Il y avait 150.000 vaches nantaises dans les années 1950. Puis le modèle agricole a poussé à la spécialisation des races et la nantaise, qui était polyvalente mais qui n’était ni une très grosse productrice de viande ni une très grande laitière, a été abandonnée. On est tombé à 30 unités dans les années 80. Des passionnés se sont démenés pour sa sauvegarde et, là, on est à 1.200 vaches environ. Elle est sauvée ! Elle commence à être reconnue, on la sert dans quelques restaurants. Mais il y a encore beaucoup de travail. Il n’y a pas la moitié des Nantais qui la connaissent.
Que propose donc le projet L’Etable nantaise ?
On veut porter l’effectif à 1.500 vaches d’ici 2025 et développer une micro-filière auprès des restaurants, des bouchers mais aussi des grossistes. Il y a une demande de consommateurs qui commence à grandir et qu’il faut encourager. Il y a aussi des jeunes qui ont envie de s’installer et qu’on doit accompagner. Le problème, aujourd’hui, c’est qu’on n’a pas assez de vaches pour fournir les futurs projets. Il manque un élevage tampon qui pourrait reprendre les bêtes d’un cédant et qui les revendrait à un jeune pour l’aider à s’installer. C’est ça l’Etable nantaise.
Où serait ce troupeau ?
Au cœur de la métropole ! C’est là qu’il a du sens. On a recensé plusieurs lieux, en particulier l’île Héron, à Saint-Sébastien, pour pâturer de mars à novembre. C’est un parfait lieu de rencontres. L’hiver, le troupeau serait au chaud au lycée agricole Jules-Rieffel où il servirait aussi de support de formation. Il faut que la vache nantaise soit visible, que les Nantais la croisent sur leurs trajets quotidiens.